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Radicalisation de l’opposition à l’Assemblée du Kosovo

La situation à l’Assemblée du Kosovo a dérapé avant même que la séance n’ait commencé. Les députés de l’opposition ont utilisé du gaz lacrymogène contre les responsables gouvernementaux. La violence a débordé jusque dans la rue.

La violence et les tensions entre la majorité et l’opposition sont de retour à l’Assemblée du Kosovo, et cette fois encore plus violentes que les fois précédentes. Lors de la séance d’hier (17 novembre 2015), l’opposition a fait usage de sprays lacrymogènes et de gaz poivré contre les responsables gouvernementaux et la police.

Cette séance était particulière car le gouvernement avait demandé de revoir le projet de budget 2016. La majorité a atteint son objectif en faisant passer ce projet de loi d’une valeur de 1,6 milliard d’euros, mais dans une salle improvisée au quatrième étage de l’Assemblée et sans la présence de l’opposition.

La situation a dérapé quand le député du parti Vetevendosje, Albin Kurti, a essayé de faire usage d’un spray lacrymogène sur le Premier ministre du Kosovo, Isa Mustafa. À la suite de ces événements, le président du Parlement, Kadri Veseli, a annoncé une pause. Les législateurs de la coalition se sont installés dans une autre salle, tandis que l’opposition a été mise dehors.

La session a également été suivie de près par l’ambassadeur américain Greg Delawie et le représentant de l’Union européenne Samuel Zbogar, qui ont exprimé leur déception face à la violence de l’opposition au Parlement.

Le Premier ministre, Isa Mustafa, dans son discours, a dépeint comme étant criminel et inacceptable le comportement de certains députés de l’opposition au Parlement.

« Ce qui est arrivé aujourd’hui est un acte criminel et les institutions du Kosovo doivent prendre des mesures. Il est inacceptable de tolérer un tel comportement dans l’Assemblée de la République du Kosovo », a déclaré Isa Mustafa.

Bien plus sévères étaient les déclarations du chef du Parti démocratique du Kosovo et vice-Premier ministre du Kosovo, Hashim Thaci. « Personne n’a le droit de stopper les séances du Parlement de la République du Kosovo et la tolérance envers ces actes violents et criminels doit être zéro », a-t-il déclaré.

L’opposition a aussi fait usage du gaz lacrymogène dans les couloirs du Parlement. La police a répondu de la même façon aux attaques des députés de l’opposition. Les députés du parti Vetevendosja, Albin Kurti et Albulena Haxhiu, ont eu besoin d’aide médicale à cause du gaz lacrymogène.

Pendant que les affrontements se poursuivaient à l’intérieur du bâtiment, devant l’édifice de l’Assemblée un groupe de militants et de partisans de l’opposition protestaient. Plus tard, le groupe s’est confronté aux unités spéciales de la police du Kosovo, en les attaquant avec des pierres et d’autres projectiles. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour éloigner les manifestants. Selon l’opposition, la police a essayé d’arrêter le député Albin Kurti, et cela a causé l’incident.

La réponse du gouvernement a été immédiate, dans un communiqué de presse il a condamné la violence perpétrée par l’opposition lors de la session de l’Assemblée. Il est écrit que l’opposition, par l’utilisation massive de gaz toxiques, a compromis gravement la santé et l’intégrité personnelle des participants, celle du Premier ministre, Isa Mustafa, et celle des autres membres du gouvernement.

« Le gouvernement estime que ces actes extrêmes sont dirigés contre la République du Kosovo et les progrès atteints avec le soutien des amis internationaux. De tels actes visent à plonger la République du Kosovo dans l’anarchie et la criminalité ».

Le gouvernement a déclaré apprécier l’engagement de la majorité des députés qui, malgré le danger, ont voté le budget de l’Etat de l’année 2016, en servant ainsi les intérêts des citoyens de la République du Kosovo.

« Le gouvernement fait appel aux membres de l’opposition qui involontairement sont devenus partie intégrante des actes mesquins de certains individus punis par le vote des citoyens du Kosovo. Il les invite à se distancier de ces actes criminelles dirigés contre notre pays ».

Il exhorte les autorités compétentes à prendre les mesures nécessaires, à ne pas tolérer d’actes qui menacent la santé et la vie des fonctionnaires et autres citoyens, afin de permettre le bon déroulement des tâches et des obligations officielles et juridiques des institutions de la République du Kosovo.

Face au gouvernement, les trois partis de l’opposition « Vetevendosje », l’Alliance pour l’avenir du Kosovo et l’« Initiative pour le Kosovo » ont déclaré qu’ils ne permettront pas de retour à la normalité tant que les accords signés par le Premier ministre Isa Mustafa sur l’Association des municipalités serbes et la démarcation avec le Monténégro n’auront pas été retirés.

« Il est évident que le Kosovo ne peut avoir de normalité institutionnelle tant que les deux accords qui mettent en danger la République existent », a déclaré Visar Ymeri, président du parti Vetevendosje.

Le leader de l’Alliance pour l’avenir du Kosovo, Ramush Haradinaj, a appelé les partis politiques PDK et LDK à ne pas conduire le Kosovo à une plus grande crise en soutenant, comme il dit, « Zajednicën ».

« Il n’y aura pas de normalité sans l’annulation de ces accords », a déclaré Haradinaj.

Le leader de l’« Initiative pour le Kosovo », Fatmir Limaj, a demandé l’impartialité du tribunal et l’a invité à commencer immédiatement une enquête sur tous ceux qui ont accepté de signer ces accords qui violent notre Constitution.