Dr. Kaltrina Zahiti: Pour un traitement plus responsable des yeux

Dr Kaltrina Zahiti est ophtalmologue. Née au Kosovo et ayant grandi en Autriche, elle a poursuivi ses études, son doctorat et plusieurs spécialisations dans différentes universités d’Allemagne et de Suisse. Actuellement, elle est propriétaire et responsable de deux cabinets d’ophtalmologie en Suisse, situés respectivement à Biberist (canton de Soleure) et à Emmenbrücke (canton de Lucerne).

Dr Kaltrina parle de son parcours académique et professionnel, de ses expériences avec les patients en général, et en particulier avec les patients d’origine albanaise, ainsi que de la nécessité d’un traitement professionnel des yeux.

Albinfo.ch: Parmi le nombre croisant de médecins d’origine albanaise en Suisse, on a l’impression qu’il y a encore peu de spécialistes des yeux, peu d’ophtalmologues. Selon vous, pourquoi?

Dr Kaltrina Zahiti: Il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’ophtalmologues albanais. L’une des raisons tient sans doute au fait que les places de spécialisation dans ce domaine sont limitées, et aussi au caractère très spécifique et indépendant de cette discipline par rapport à d’autres branches de la médecine.

Albinfo.ch: Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel jusqu’à présent.

Dr Kaltrina Zahiti: Je suis née au Kosovo et j’ai grandi en Autriche. J’ai terminé mes études de médecine à Munich, en Allemagne. Pendant mes études, j’ai effectué divers stages dans des cliniques d’ophtalmologie à Reykjavik, Stockholm, Liverpool et Berlin. J’ai soutenu ma thèse de doctorat à Munich, puis j’ai fait ma spécialisation en Suisse, à la Clinique universitaire de Bâle ainsi qu’à la clinique ophtalmologique de Lucerne. Après la spécialisation, j’ai travaillé dans plusieurs cabinets et cliniques, à Bâle, puis à Olten et à Willisau. En 2023, j’ai ouvert mon premier cabinet à Biberist (canton de Soleure), sous le nom Augenzentrum Biberist, et en décembre 2024, j’ai ouvert un deuxième cabinet à Emmenbrücke (canton de Lucerne), Augenzentrum Emmen.

Albinfo.ch: Quel est votre domaine de spécialisation concret dans le cadre de l’ophtalmologie?

Dr Kaltrina Zahiti: Je pratique l’ophtalmologie générale, en prenant en charge aussi bien les nourrissons que les patients âgés.

Albinfo.ch: Vous dirigez deux cabinets d’ophtalmologie. Pouvez-vous nous en dire plus? Où sont-ils situés? Qu’est-ce qui les différencie ou les complète? Proposent-ils les mêmes services? Travaillez-vous avec d’autres spécialistes?

Dr Kaltrina Zahiti : Je propose dans les deux cabinets des services similaires, principalement des contrôles ophtalmologiques. Actuellement, je suis la seule ophtalmologue à exercer dans les deux centres, ce qui me permet d’assurer une continuité et une relation de confiance avec les patients, qui ont toujours le même médecin. Cela dit, à l’avenir, il se peut que je doive engager d’autres collègues.

Albinfo.ch: Quels sont les services les plus demandés par vos patients? Pour quels types de consultations viennent-ils le plus souvent?

Dr Kaltrina Zahiti: Les services les plus sollicités sont bien sûr les contrôles de routine ophtalmologiques, divers cas d’urgence, et nous avons également des journées spécifiquement consacrées aux consultations pour enfants.

Albinfo.ch: Quelles sont vos expériences avec les patients albanais? Ont-ils une bonne culture de la prévention et du traitement des maladies oculaires? Profitent-ils suffisamment de l’opportunité d’être soignés à un haut niveau dans leur langue maternelle? Que leur conseilleriez-vous?

Dr Kaltrina Zahiti: Selon l’endroit où j’ai travaillé jusqu’à présent, que ce soit à Biberist ou à Emmenbrücke, j’ai eu un nombre important de patients albanais. Ils se montrent très satisfaits et reconnaissants de pouvoir s’exprimer en langue albanaise. Je pense que pour de nombreux patients, il est très important de comprendre leurs maladies ou leurs plaintes, afin d’avoir un traitement et une guérison plus efficaces. De manière générale, je pense que beaucoup de patients ne sont toujours pas conscients que des contrôles réguliers des yeux sont recommandés à partir de l’âge de 40 ans.

Albinfo.ch: D’après la description de votre travail, nous avons vu que vous vous occupez de manière spécifique du diabète, notamment de ses implications sur la santé oculaire. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?

Dr Kaltrina Zahiti: Différentes maladies comme le diabète, les maladies rhumatismales, dermatologiques, l’hypertension artérielle, les pathologies oncologiques, etc., peuvent aussi affecter les yeux. Les patients diabétiques, en particulier, doivent faire un contrôle ophtalmologique au moins une fois par an. Le diabète peut entraîner des maladies oculaires qui peuvent être traitées si elles sont détectées à temps.

Albinfo.ch: Vos services incluent-ils également la détermination de la correction visuelle et la prescription de lunettes pour adultes et enfants? Quelles sont vos expériences à ce sujet?

Dr Kaltrina Zahiti: Nous avons une très bonne collaboration avec des pédiatres qui nous adressent de nombreux enfants pour des contrôles ophtalmologiques. Chez les enfants, il est extrêmement important de dépister les maladies ou d’évaluer la vision dès le plus jeune âge, car le développement visuel s’achève vers l’âge de 10 ou 11 ans. Par exemple, dans les cas où le besoin de lunettes n’est pas détecté tôt (même en l’absence de plaintes de la part de l’enfant), cela peut entraîner une baisse de vision durable.

Albinfo.ch: Et quels conseils donneriez-vous aux patients qui ont besoin de lunettes? Que doivent-ils prendre en compte avant de venir chez vous?

Dr Kaltrina Zahiti: Je recommande des contrôles réguliers pour les enfants, notamment avant leur entrée à l’école, ainsi que pour les adultes à partir de 40 ans. De nombreuses maladies peuvent être soignées si elles sont détectées à temps.

Les deux ordonnances ophtalmologiques en Suisse du Dr Kaltrina Zahiti se trouvent à Biberist (Canton de Soleure) et Emmenbrücke (Canton de Lucerne):

Augenzentrum Biberist

Dr. Kaltrina Zahiti

Zentrumweg 6

4562 Biberist

032 326 72 27 27

[email protected]

www.augenzentrum-biberist.ch

 

Augenzentrum Emmen

Dr. Kaltrina Zahiti

Erlenstrasse 4

6020 Emmenbrücke

041 282 11 11

[email protected]

www.augenzentrum-emmen.ch

 

 

 

 

Le médecin qui a quitté l’Allemagne pour le Kosovo

 

Pour ce qui est de sa vie, il n’a aucun regret. D’ailleurs il n’a aucun regret non plus pour le fait d’avoir quitté les cliniques de renommée mondiale pour revenir au service dans son pays au Kosovo. Rappelons que dans les Balkans, le Kosovo est le pays qui a le moins investit par tête d’habitant dans les dix dernières années dans le domaine de la santé de ses citoyens.

Le jeune Dr Armend Sdiku s’est  spécialisé dans les plus célèbres cliniques allemandes. Il s’exprime  exclusivement pour albinfo.ch au sujet de ses motivations  et de son retour au Kosovo. Sadiku est rentré au  Kosovo après sa spécialisation en gynécologie, obstétrique et la chirurgie mini-invasive – alors qu’actuellement de nombreux médecins kosovars sont attirés par  l’étranger pour  une vie meilleure.

“J’ai commencé l’Ecole de médecine à Prishtina. Après 3 semestres à l’Université de Prishtina,  j’ai ensuite poursuivi mes études  en Autriche à Graz “, explique le Dr Sadiku.  A Vienne, il a reçu son diplôme où il a obtenu le titre de docteur en médecine. A ce jour, il est le seul albanophone à avoir été accepté par l’Association allemande pour les professions de l’endoscopie.

Étudiant du Dr Holthaus, l’un des meilleurs experts en chirurgie mini-invasive

Du mois de mai 2005 à la mi-2015, le Dr  Sadiku s’est spécialisé  dans quatre hôpitaux allemands de renom : Neubrandenburg, Bremen, Osnabrück et Damme. “Dans le département d’obstétrique, j’ai été nommé chef de département et adjoint du Dr Holthaus – l’un des meilleurs experts en chirurgie mini-invasive», explique le jeune Dr Sadiku.

C’est déjà lors de son départ pour l’étranger qu’il avait l’objectif de revenir au Kosovo. “C’était mon  objectif depuis le début. Même si la  surspécialisation représentait pour moi un sérieux défi », fait-il remarquer.  Sans oublier que c’était une chance et une opportunité inouïe de pouvoir apprendre du Dr Holthaus. “Après la spécialisation et la surspécialisation, j’ai voulu retourner au Kosovo pour pratiquer les meilleurs soins en utilisant les  dernières techniques et méthodes de chirurgie mini-invasive. Il y a un déficit à cet égard », explique le Dr Sadiku, qui   pratique actuellement dans un cabinet gynécologique à Prishtina. “Pour le patient, il est important que nous puissions lui offrir les meilleurs soins dès le début,  les mêmes qui sont offerts en Allemagne. Il n’y a absolument aucune  différence “, explique le Dr Sadiku. Ce qui lui a permis de s’adapter rapidement  au Kosovo, c’est surtout le fait qu’il ne se sentait ni étranger ni de la diaspora, mais comme dans son propre pays.  Par contre, ce que l’on attend de vous ici, c’est le changement et des améliorations. Et c’est ce que j’ai apporté. ”

Son équipe à Prishtina est très petite. «En tant que peuple, nous pourrions supporter un peu plus l’autocritique. Mais l’équipe avec laquelle je travaille, a des normes de travail si élevées qu’elle n’a eu aucune peine à s’alignées sur les règles de travail ».

La chirurgie en direct devant 1500 collègues

Pour les spécialistes, ce n’est  toutefois pas un problème de travailler avec une équipe beaucoup plus grande. Il est important de maintenir les normes professionnelles élevées de travail applicables pour la chirurgie mini-invasive en gynécologie. En 2013, le Dr Sadiku a pratiqué une opération  devant un public en ligne de 1.500 spécialistes en gynécologie. Son intervention chirurgicale a été réalisée en direct. «Ce fut pour moi un sentiment spécial : opérer devant les yeux de milliers de collègues qui ont regardé en ligne mon travail,” se rappelle  le Dr Sadiku tout en nous  montrant son certificat prouvant le succès de son intervention.

73% des médecins kosovars souhaitent émigrer!

Xhemajl Selmani, président du syndicat du personnel médical à l’hôpital universitaire de  Prishtina confirme pour albinfo.ch l’enquête interne réalisée sur 1000 membres. Cette enquête soulève notamment  le fait que 73% des personnes qui ont été  interrogées souhaitent quitter le pays. M. Selmani indique que l’âge moyen des médecins au Kosovo est de 50 ans. D’après lui, les problèmes concernant le domaine médical seront perceptibles dans 10 ans, lorsque  la majorité des médecins prendront leur retraite, tandis que les jeunes médecins ne voient pas d’avenir au Kosovo. Surtout en anesthésiologie, la situation est très critique. Nehat Baftiu, directeur de l’Institut d’anesthésiologie à l’hôpital universitaire de Prishtina explique pour albinfo.ch que depuis l’année 2015 cinq spécialistes ont déjà émigré. Par ailleurs, 82 spécialistes du domaine de la santé sont actuellement au chômage.