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Le Kosovo, un bilan en “noir et blanc”

Durant ces six premières années de souveraineté, le Kosovo a effectué de grands pas en direction de l'intégration européenne, mais le pays peine toujours devant certaines problématiques comme la corruption.

Ce lundi 17 février, le Kosovo a fêté le sixième anniversaire de sa déclaration  d’indépendance. Les citoyens ont quant à eux accueilli ce jour avec des sentiments mitigés, entre joie et déception. En six ans, le nouveau pays a réussi à mettre en place des institutions étatiques démocratiques, mais ces dernières n’ont pas encore pu être implantées sur l’ensemble du territoire. Quatre communes du nord du pays ne sont toujours pas affiliées aux autorités centrales. De plus, le non-emploi, la pauvreté, le crime organisé et la corruption demeurent à ce jour au rang des nombreux problèmes qui secouent le plus jeune Etat d’Europe.

A l’aube de cette septième année, près de 31 % des Kosovars n’ont pas de travail, 30 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et 10,2 % sous le seuil de pauvreté extrême. En six ans, c’est près de 70 000 Kosovars qui ont demandé l’asile dans différents pays de l’Union européenne, et le PIB par habitant tourne autour 2 700 euros ; l’un des plus faibles d’Europe. L’élément ternissant le plus l’image du pays dans le monde est sans conteste le fonctionnement du crime organisé et de la corruption. Actuellement, des maires de communes, des législateurs, des fonctionnaires, des anciens combattants et autres ambassadeurs font face à la justice pour les actions qu’ils ont commises. A ce jour, le Kosovo est considéré comme étant le 116ème pays le plus corrompu au monde.

Ces six dernières années ont également été couronnées de certains succès. L’indépendance du Kosovo a été reconnue par 106 Etats, le pays est devenu membre du FMI, de la Banque mondiale ainsi que de la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement. Le Kosovo a également entamé les discussions pour les Accords de Stabilisation et d’Association (MSA) avec l’Union européenne, et l’embargo de la FIFA a été levé. Le processus de pourparlers avec la Serbie est considéré comme l’une des grandes avancées du pays sur le plan politique. Ce travail, chapeauté par les instances européennes, avance à une allure dynamique. L’un des fruits de ce labeur est l’entente signée le 19 avril 2013.

Les représentants des institutions du pays sont relativement satisfaits des développements du pays des six dernières années. La présidente Atifete Jahjaga a déclaré que le Kosovo a désormais les contours d’un pays démocratique aux valeurs européennes universelles. « En ce sixième anniversaire, nous avons une démocratie consolidée. Nous poursuivrons nos efforts pour développer notre économie et avancerons de pied ferme en direction de l’intégration européenne », a déclaré Jahjaga.

Ces six années ont également été six ans d’efforts constants afin que toutes et tous puissent jouir de leurs droits et prendre en charge leurs responsabilités et obligations ainsi que pour que les profits d’un Etat prospère soient partagées entre tous. « L’époque de la violence, des conflits, de l’hégémonie et de l’oppression est terminée et nous nous sommes désormais engagés sur la route de l’intégration européenne et de la coopération. C’est une route du respect mutuel et de la confiance, une route nous amenant vers un avenir meilleur », a-t-elle déclaré.

Pour l’ancien ministre des Affaires intérieures, Skënder Hyseni, le pays fait du surplace sur plusieurs aspects. « Si nous revenons en arrière, nous constatons que le Kosovo se trouve aujourd’hui là où il se trouvait trois ans auparavant. Notamment dans la gestion de ses relations diplomatiques avec les autres pays. »

La ministre de l’Intégration européenne, Vlora Çitaku a déclaré au journal « Zëri » que les six premières années de l’indépendance kosovare avaient été très positives pour le pays et que ce dernier avait rencontré un importante soutien de la part de ses partenaires internationaux. « Le Kosovo a fait ses premiers pas vers l’intégration européenne en entamant les négociations pour les Accords de Stabilisation et d’Association. Ceux-ci devraient être signés dans le courant de cette année », a-t-elle déclaré.

Les citoyens sont quant à eux très déçus du déroulé de ces dernières années. Ils attendaient beaucoup plus de l’indépendance de leur pays. Kadrush Hasani se confie à albinfo.ch : « Je pensais que la priorité des dirigeants serait le bien du pays. Maintenant je comprends que chacun d’entre eux pense tout d’abord à ses intérêts personnels. Je suis extrêmement déçu ». Kadrush Hasani avait émigré. Il était revenu s’installer au Kosovo dans l’espoir que l’indépendance amènerait des jours heureux à son pays. « Grande erreur », déplore-t-il. Aujourd’hui, il n’exclu pas de quitter le Kosovo à nouveau un jour.

A ce jour, le Kosovo attend toujours une reconnaissance de la part de cinq pays membres de l’Union européenne : Chypre, la Grèce, l’Espagne, la Roumanie et la Slovénie. Le Kosovo est également le dernier pays d’Europe de l’Est à ne pas avoir encore accès à la libéralisation des visas. Enfin, l’intégration du Kosovo au sein de l’Organisation des Nations Unies est considérée comme très difficile.