Développement

Vingt ans après Dayton, la Bosnie peine à avancer

Il y a 20 ans, les accords de Dayton mettent fin à la terrible guerre de Bosnie. Qu’en est-il aujourd’hui de ce pays ? Albinfo.ch et Sept.info ont organisé une table ronde en partenariat avec l’Université de Fribourg et le RRPP (Regional Research Promotion Programme Western Balkans) le lundi 2 novembre à l’université de Fribourg.

En 1995, soit après 3 ans de guerre en Bosnie, le bilan est lourd : 2,2 millions de personnes déplacées et 110’000 morts. Les trois parties impliquées dans le conflit, la Serbie, la Bosnie et Herzégovine et la Croatie, se mettent à la table des négociations et signent le 21 novembre 1995 les Accords de Dayton. C’est la fin de la guerre, le pays est séparé en deux entités, la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (croato-bosniaque) et la République serbe de Bosnie.

Vingt ans plus tard, le pays peine à avancer. Le regard de Stéphanie Borcard et Nicolas Métraux, qui ont visité la Bosnie-Herzégovine pendant 3 ans. Ils ont édité le livre «Grey Skies Blak Birds» qui porte un regard plutôt sombre sur le présent du pays. En cause la situation économique désastreuse qui n’offre rien aux jeunes.

Jasmina Opardija, cheffe de projet RRRP à l’Uni Fribourg, a partagé son sentiment d’insécurité économique dans le pays, avec un chômage très important chez le jeunes notamment (avoisinnant 60%). Mais, il y a aussi la peur d’un futur conflit, les médias en parlent ouvertement dans les journaux en Bosnie Herzégovine (BiH), notamment avec le referendum sur l’indépendance de la République Serbe de Bosnie proposé par Milorad Dodik en 2018.

Nicolas Hayoz, professeur associé en sciences politiques à l’Université de Fribourg, a qualifié de grande tragédie la permission de l’Union européenne à l’établissement d’une structure parasitaire et contreproductive, en faisant référence à la République Serbe de Bosnie qu’il définit comme une des raisons principales du dysfonctionnement du pays.

Mais le problème persistant dans la région, n’est pas une seule affaire d’économie et d’institution, il est surement plus le faite d’un nationalisme profond et non remis en cause. Aujourd’hui, 20 ans après les accords de Dayton, l’obstination de nationalistes serbes à réaliser des territoires ethniquement homogènes continue. L’incident à la commémoration des vingt ans du génocide à Srebrenica, lors de la visite du premier ministre serbe Alexandar Vucic, a montré la difficulté à faire la paix dans une région meurtrie par le nombre de civils bosniaques assassinés.

Alors que les faits des guerres ont été relevé et ne sont plus discutables aujourd’hui, Jean-Daniel Ruch, ambassadeur suisse en Serbie, a proposé de soutenir le travail commun pour l’harmonisation de l’enseignement de l’histoire dans les Balkans. En fait, les accords comme ceux de Dayton n’ont malheureusement réglé que les problèmes urgents et à court terme.  La réconciliation des peuples dans les Balkans doit être un travail de longue haleine qui doit commencer par l’enseignement à la future génération des erreurs commises par leurs ainés pour ne pas les reproduire. Néanmoins, Léonard Bender, avocat et politicien Suisse à rappeler que la paix doit être reconstruite par des compromis, néanmoins, on ne doit pas attribuer les responsabilités de chacun au même niveau.