DE Balkani
30e anniversaire du génocide de Srebrenica: une cérémonie de mémoire et d’engagement à la Maison du Peuple

À l’occasion du trentième anniversaire du génocide de Srebrenica, une cérémonie officielle s’est tenue ce samedi 21 juin 2025 à la Maison du Peuple de Lausanne, en présence de représentant·e·s des autorités communales, de survivant·e·s, de chercheur·euse·s, d’artistes et de membres de la société civile.
Cet événement s’inscrit dans le sillage de la Résolution A/RES/78/282 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, proclamant le 11 juillet Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide de Srebrenica (1995).
Il a pour vocation d’honorer la mémoire des 8 372 hommes et garçons bosniaques tués en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, de sensibiliser le public à la gravité de ce crime reconnu comme génocide, et de rappeler l’urgence de combattre le négationnisme, l’oubli et la banalisation des violences de masse.
Une cérémonie empreinte de dignité, de transmission et d’engagement
La cérémonie a été ouverte par M. Miralem Idrizović, représentant de l’Association culturelle des Bosniaques de Lausanne et organisateur principal de l’événement, qui a réitéré l’importance de ce type de commémoration pour la communauté bosniaque de Suisse romande. Il a souligné le devoir de mémoire porté par les générations issues de l’exil et a exprimé le souhait que cette coopération avec les institutions lausannoises se renforce et s’inscrive dans la durée.

Il a été suivi par M. Grégoire Junod, Syndic de Lausanne, qui a rappelé l’importance du devoir de mémoire dans une société démocratique et inclusive.
“À Srebrenica, ce ne sont pas seulement des vies qui ont été anéanties, c’est l’idéal même de la communauté internationale qui a vacillé. Le silence est complice. L’oubli est fertile pour la haine”, a-t-il déclaré, en appelant à une vigilance active face à la résurgence des discours de haine et de négation.
“Trente ans après, Srebrenica nous parle toujours : de la haine que les mots peuvent préparer, du silence qui tue, mais aussi du courage de celles et ceux qui résistent à l’oubli”, a-t-il conclu.

Musa Kamenica, vice-président de la commune de Lausanne, a ensuite exprimé son engagement personnel et institutionnel en faveur de la reconnaissance des génocides et du soutien aux mémoires migrantes.
Le témoignage bouleversant de Mme Azemina Babić, survivante du génocide de Srebrenica, a constitué un temps fort de la soirée. Avec pudeur et intensité, elle a retracé l’histoire de sa famille et exposé avec justesse le contexte historique et les mécanismes du processus génocidaire.
Ramiz Salkić, ancien vice-président de l’entité Republika Srpska, a évoqué avec clarté les étapes du génocide, tout en dénonçant la persistance du révisionnisme et la glorification de criminels de guerre dans le discours politique actuel en Bosnie-Herzégovine. Il a salué la solidarité internationale incarnée par cette cérémonie à Lausanne.
Le photographe norvégien Kristian Skeie, engagé depuis plus de vingt ans aux côtés des familles de disparus, a partagé son approche sensible et humaine du travail de mémoire. Il a évoqué les blessures encore vives du génocide, mais aussi les éclats de vie qui résistent. Il a averti que le « plus jamais ça » perd son sens s’il se répète chaque année sans action ni responsabilité collective.
Mme Ajla Kuduzović, présidente de la Commission Brassards Blancs, a centré son intervention sur la mémoire transgénérationnelle et les trajectoires migratoires. S’exprimant à la fois comme chercheuse et actrice associative, elle a encouragé les jeunes issu·e·s de la diaspora bosniaque à s’engager, à témoigner et à transformer l’héritage du silence en voix collective. Elle a souligné que l’histoire de l’exil, de la résistance et de la reconstruction bosniaque constitue une richesse précieuse pour le tissu social lausannois.

Dans cette même lignée, M. Bashkim Iseni, directeur du Bureau lausannois pour les immigrés (BLI), a rappelé la nécessité d’intégrer les mémoires issues de l’immigration dans les politiques publiques, non seulement par souci de reconnaissance, mais comme levier essentiel de cohésion démocratique et de justice sociale.
“Conjuguer mémoire, reconstruction et intégration, c’est construire un lien entre passé et présent, entre les racines bosniennes et l’appartenance helvétique. C’est éviter que les blessures deviennent des cloisons, et transformer l’expérience migratoire en apport collectif “, a-t-il souligné, en appelant à faire de la mémoire un outil de dialogue et de justice.
La modération assurée par Edin Šećić et Alma Draganović a permis de créer des ponts entre les interventions, en donnant toute sa place à une jeunesse diasporique lucide, engagée et porteuse d’avenir.
Un hommage musical vibrant de mémoire
Les intermèdes artistiques ont été assurés par le chœur Hor Warda, dont les interprétations ont profondément ému l’assemblée. Leur performance du Srebrenički inferno a suspendu le temps et ouvert un espace de recueillement collectif, mêlant douleur, dignité et transmission.
L’image au service de la vérité
Dans le hall de la Maison du Peuple, les participant·e·s ont également pu découvrir une sélection de l’exposition photographique Srebrenica, 30 ans après de Kristian Skeie, consacrée aux familles de disparus de Srebrenica. À travers son regard, la mémoire prend forme visuelle, entre deuil et résistance.
Un engagement collectif pour une mémoire active
La cérémonie a été organisée par l’Association culturelle des Bosniaques de Lausanne, avec le soutien du Bureau lausannois pour les immigrés (BLI), du Fonds lausannois d’intégration de la Ville de Lausanne, et de la Commission Brassards Blancs, engagée dans la défense de la mémoire des victimes du génocide à Prijedor et ailleurs en Bosnie-Herzégovine.
Dans un contexte mondial où les discours de haine et les dynamiques de négation refont surface, cette commémoration lausannoise a représenté un acte de vigilance démocratique et un appel à la responsabilité collective. Elle rappelle que la mémoire n’est pas seulement un devoir envers le passé, mais une promesse pour l’avenir.
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