Opinion
Halte à la politisation ethnique de la Natis!
Ces derniers jours, certains médias suisses ont mis l’accent sur la nature particulière du match de ce soir qui se joue entre la Suisse et la Serbie, compte tenu du fait que l’équipe helvétique est composée d’un nombre considérable de joueurs d’origine albanaise, mais aussi croate et bosniaque.
Il s’agit d’une sorte d’allusion aux animosités ethniques qui émaillent les pays d’origine de ces joueurs helvétiques avec l’équipe serbe, respectivement l’Etat serbe, en se référant aux guerres des Balkans et dont les joueurs de la nati d’origine balkanique ont souffert émotionnellement, mais aussi, dont certains ont même perdus des membres de leurs familles. Il y a quelques jours, un commentaire à la radio a souligné cette dimension dans les nouvelles matinales, sous-entendant ainsi en arrière fond que la confrontation ethnique qui se prolongerait sur la pelouse. Cela donne l’impression que les joueurs de la Nati aux origines balkaniques ne sont pas capables de jouer au foot, sans politiser le jeu, et qu’ils sont génétiquement programmés pour se battre les uns contre les autres.
Il aurait été bien plus logique que ce match soit présentée comme un moment de dépolitisation du sport. Ce climat est malsain et est également alimenté par l’instrumentation de ce match, comme le démontrent les positions absurdes des hommes politiques et des médias serbes, surnommant l’équipe nationale suisse d’équipe nationale albanaise. Un esprit revanchard et provocateur a également régné dans les médias albanais, laissant comprendre que les joueurs Albano-suisses ont une occasion à saisir pour régler leurs comptes avec l’équipe serbe.
Il est parfaitement compréhensible que ce jeu puisse contenir une dimension particulière, compte tenu de l’histoire douloureuse récente des Albanais, des Bosniaques et des Croates, mais aussi étant donnée le funeste match qui a donné lieu à des débordements entre la Serbie et l’Albanie à Belgrade. Cependant, ces débats sont stériles et la politisation négative de l’appartenance ethnique ébranle indubitablement Shaqiri et ses co-équipiers en tant que principaux porteurs de la liste de Natis. Ces joueurs ont répondu avec beaucoup d’intelligence et de professionnalisme à ce type de provocations absurdes, évitant ainsi des fermentations banales et insignifiantes.
Dans un contexte politique favorable à l’apaisement des tensions ethniques dans la région des Balkans, un déploiement détendu de ce jeu y contribuerait grandement. Espérons que le même fair-play du sport sera dans les gradins, mais aussi dans les villes suisses où vivent des dizaines de milliers d’Albanais et de Serbes. Toute autre évolution ne ferait qu’alimenter les clichés sur les Albano-Suisses et les personnes d’origines des Balkans vivant en Suisse.
Enfin, ne manquons pas de rappeler que la Suisse a réussi à créer une équipe puissante et soudée avec plein de joueurs aux racines issues de la diversité, créant ainsi une unité efficace et solidaire et dont l’envient beaucoup de pays. Espérons donc qu’en plus du match fairplay, la Suisse vaincra de manière convaincante. Hopp Schwiiz!
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