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La connaissance de la langue albanaise renforce l’intégration

La langue albanaise est le ciment de l’identité nationale albanaise. La détermination du facteur linguistique, depuis la Renaissance, reflète la volonté d’unir dans un corps politique et culturel les personnes qui parlent la langue de Naim, Migjen et Asdren*.

Bien qu’il s’agisse d’une construction historique, chez les Albanais, mais auprès d’autres nations, elle est sublimée, car elle est un nœud identitaire, elle relie le sentiment d’appartenance à un territoire politique ou à une sphère de civilisation. C’est précisément la protection de la langue albanaise, en tant que principal élément national, qui a été au centre de la résistance face à la violation des droits des Albanais dans les pays des Balkans, ainsi qu’au rétrécissement forcé de leur espace national. Ce n’est pas un hasard si, dans les années 80 et 90, la politique de Slobodan Milosevic, mais aussi avec une certaine particularité celle du nationalisme d’État macédonien, ont visé les banques scolaires albanaises ainsi que l’affaiblissement des droits nationaux albanais. En un mot, pour les Albanais, la langue et le drapeau avec l’aigle à deux têtes revêtent une signification particulière car elles s’inscrivent dans une histoire de résistance.

Dans le contexte de la diaspora albanaise en Suisse et au-delà, la langue albanaise joue un rôle important dans le maintien et la culture de son identité albanaise, mais elle constitue également un facteur de poids qui contribue à l’intégration harmonieuse Albanais en Suisse. En d’autres termes, il vaut mieux que l’enfant ou même l’adulte connaisse la langue albanaise et bénéficie d’un large vocabulaire de la langue maternelle, pour mieux apprendre les langues du pays d’accueil, voire où ils sont nés. Ainsi, la maitrise de la langue albanaise renforce l’intégration.

Par conséquent, l’investissement institutionnel des États albanophones, ainsi que des structures albanaises de la diaspora, en faveur de la transmission de la langue albanaise dans le contexte de l’immigration albanaise devrait être une priorité, avec des ressources concrètes et pas seulement de mots. La transmission de la langue albanaise doit bénéficier d’un niveau pédagogique et d’un engagement sérieux. Cet investissement contribue également à leurs pays d’origine car il assure la transmission de la langue albanaise au sein de sa communauté diasporique, et permet également aux deuxième et troisième générations d’acquérir des ressources linguistiques d’un bon niveau, ce qui facilite également les échanges professionnels et économiques entre la diaspora et les pays des Balkans. Pour nombre d’Albanais, il possède un atout considérable.

Il est nécessaire d’investir dans la langue albanaise et dans sa promotion, car cela contribue à l’épanouissement de la culture albanaise et au rapprochement et entre l’albanais et la culture helvétique. Ceci contribue à amorcer un changement dans la perception des Albanais en Suisse et dans d’autres pays où ils sont présents. Pourquoi pas à que des jeunes Suisses ou d’autres nationalités aient la possibilité d’apprendre la langue de leurs amis albano-suisses ? Connaître et promouvoir la langue albanaise en tant qu’enrichissement individuel et collectif permettront de lutter contre les préjugés et la discrimination. Ce travail aidera également à se débarrasser du complexe de peur lié à l’utilisation de la langue albanaise, aux côtés des langues officielles et d’autres langues parlées en Suisse et au-delà. La langue albanaise enrichit le cosmopolitisme suisse.

Dr. Bashkim Iseni, fondateur de la plateforme Albinfo.ch

 

* Naim Frashëri, Millosh Gjergj Nikolla (Migjeni), Aleksandër Stavre Drenova (Asdreni), trois figures de proue de la renaissance culturelle albanaise