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Trepça, une richesse kosovare somnolente

Le complexe industriel de Trepça est considéré comme l'un des plus grands trésors du Kosovo. Les autorités du pays cherchent encore la meilleure manière de le faire revivre, mais la valeur des richesses qui s'y cachent aujourd'hui est estimée à 10 milliards d'euros.

Près de 1 500 ouvriers travaillent chaque jour dans les complexes galeries des mines de Trepça, tentant de faire survivre cette infrastructure qui faisait jadis la fierté de toute la Yougoslavie. Divisée du Nord au Sud, menacée par les conflits ethniques et politiques, Trepça tient tant bien que mal sur ses jambes. Considérée comme obsolète par la MINUK une dizaine d’années auparavant, elle est aujourd’hui revalorisée. Grâce à des investissements étrangers et avec l’aide de l’Etat, Trepça a relancé ses turbines.

Trepça regorge d’importantes quantités de plomb et de zinc (env. 58 tonnes), ce qui lui garantit de rester en fonction encore de nombreuses années. Bislim Muça est porte-parole et gérant responsable du complexe. Il a présenté à albinfo.ch le fonctionnement détaillé des mines, rompant avec l’image faussée d’une mine « à bout de souffle ». Actuellement, 1500 personnes travaillent dans ces mines, dont 1050 dans la partie nord. « Les deux unités nord-sur sont organisées sur une base ethnique et sont administrées par l’Agence kosovare pour la Privatisation », explique Muça.

 

Muça : 12 000 tonnes de concentrés exportés chaque année

Chaque jours, les mineurs de Trepça extraient des dizaines de tonnes de plomb et de zinc qui seront ensuite destinées à l’exportation. « Dans les 4 ou 5 dernières années, Trepça a exporté près de 10 ou 12 mille tonnes de concentré de plomb ou de zinc », explique Muça. Les exports sont essentiellement destinés vers le marché européen. « De 2009 à 2012, c’est la société suisse Glencore qui achetait les produits de Trepça. Depuis l’année dernière, c’est vers Coresteel DMCC, basée à Dubai, que se dirigent les exportations. »

Quant à savoir pourquoi la fonderie de Zveqan ne serait pas revitalisée, ce qui permettrait au Kosovo d’exporter des produits manufacturés au lieu de matières premières, la réponse est simple. « La fonderie de Zveqan est d’une technologie aujourd’hui obsolète et inutilisable. Il faudrait en construire une nouvelle ».

De plus, l’infrastructure permettant l’électrolyse du zinc, située dans la partie sud de la ville, a été endommagée par un incendie, après la guerre. « Exploiter le domaine de la métallurgie n’est pas facile, même pour des pays plus développés que nous. Les mines doivent être prêtes à être exploitées afin de pouvoir alimenter les fours à fusion. Et puis, il y a aussi tous les critères de protection de l’environnement qu’il faut prendre en compte », ajoute Muça.

L’organisation ethnique de Trepça

Les mines de Trepça sont situées dans la région de Mitrovica, la ville divisée en deux parties : nord et sud. Dans la partie sud vit la communauté serbe, les Albanais habitant au sud. Cette division sur une base ethnique se reporte sur l’organisation du travail au sein des mines. Certaines galeries ou fonderies tombent dans la partie nord, d’autres dans la partie sud. « Malheureusement, la division de la ville en deux divise également le complexe de Treçpa. De fait, aucun Albanais ne travaille dans la partie nord des mines. Au sud, il y a des Albanais, des Bosniaques, de Roms, mais pas de Serbes », explique Muça.

Récemment, les autorités prishtinases se sont penchées sur la question. Comment rendre le complexe de Trepça plus efficient ? L’Agence kosovare pour la Privation est l’organisme qui gère actuellement les mines de Trepça. Ella a lancé un appel d’offre et a retenu 9 candidatures d’entreprises internationales proposant leurs services afin d’élaborer un plan global de restructuration du complexe.

Une des solutions envisagées serait un partenariat public-privé. Le gouvernement kosovar, quant à lui, souhaite une gestion publique des mines. Le Premier ministre Thaçi a annoncé que le complexe de Trepça ne serait pas privatisé.

Au temps de la Yougoslavie socialiste, les mines de Trepça employaient 23 000 personnes. Cette entreprise publique était l’une des plus grandes du pays. Après la Seconde Guerre mondiale, Trepça est devenue un conglomérat de 40 mines et fabriques s’étendant essentiellement au Kosovo, mais également en Serbie et au Monténégro.